Chers membres et amis de la paroisse,
De nombreux chants dans notre Recueil (Ev. Kirchengesangbuch) ont leur origine dans des périodes difficiles. Ainsi Paul Gerhardt a écrit beaucoup de chants pendant la Guerre de Trente Ans, et malgré cela, ils parlent de confiance en Dieu et d’espoir. Ou encore les chants de Jochen Klepper, qui fut persécuté à cause de son épouse juive et qui, en 1942, ne vit pas d’autre issue que de se suicider avec elle. Chez lui aussi, en fin de compte, il y a l’espoir. « Même celui qui a pleuré, la nuit, qu’il chante avec nous. L’etoile du matin brille aussi sur ta peur et ta souffrance.» (Recueil de chants protestants n° 16). Nous trouvons pareille confiance en l’avenir aussi dans un chant moderne, publié seulement en 1981, sous le numéro 620 dans ledit Recueil.
« Amis, que la branche de l’amandier bourgeonne de nouveau, n’est-ce pas un signe que l’amour demeure ? (2) Que la vie ne prît pas fin bien que le sang crie de toute sa force, ne méprisez pas ce fait au temps le plus sombre. (3) La guerre écrase des milliers, un monde prend fin. Mais la victoire de la vie, incarnée dans les fleurs de l’amandier, vole avec le vent. (4) Amis, que la branche de l’amandier bourgeonnant de nouveau soit un signe pour nous montrer comment la vie remporte la victoire.
Un jour froid de février, un homme regarde par la fenêtre de son appartement à Jérusalem. Au milieu de la nature, dénudée et dépouillée par ailleurs, il voit une branche d’amandier fleurissante et commence ensuite à écrire un louange, une confession concernant la fidélité de Dieu à sa création et à son pacte avec les hommes. Tout cela ne serait peut-être pas aussi intéressant si l’homme en question n’avait pas vécu une histoire particulière à une époque difficile. Le poète qui regarde par la fenêtre de son appartement est juif et son nom est Schalom Ben-Chorin. Et l’époque à, et pour, laquelle il écrit ce texte fut une époque de terreur, d’oppression et de torture. En Allemagne, sa patrie, à Munich, sa ville natale, les Nationaux-Socialistes exercèrent un régime dictatorial, et des hommes furent torturés, maltraités et assassinés pour la seule raison qu’ils étaient juifs, comme lui. Presque tous les membres de sa famille et beaucoup de ses amis comptaient parmi les victimes de la terreur. Lui-même avait encore réussi à se réfugier en Israël. Fâce à la détresse et au désespoir à l’égard de l’inhumanité régnant dans sa patrie, l’Allemagne, Schalom Ben-Chorin découvre une branche d’amandier en fleur, devant la fenêtre de son appartement. Ce fut au printemps 1942, l’une des pires phases de la persécution de ses coréligionnaires. On a du mal à s’imaginer que Schalom Ben-Chorin, confronté à la perte de tant d’hommes qui lui étaient importants puisse, en terre étrangère – sa nouvelle patrie Jérusalem – penser à quelque chose comme l’espoir. Au cours d’une période en apparence sans issue, il voit un signe de Dieu dans les fleurs d’une branche d’amandier et peut dire : la vie vaincra.
Ceci dit, ce ne fut pas seulement la terreur en Allemagne qui était contraire à tout espoir pour un avenir meilleur. On ne doit pas fermer les yeux devant les réalités, devantl aréalité : la guerre écrase des milliers de gens, un monde disparaît. En Allemagne, d’autres personnes que les Juifs furent persécutées et assassinées.
Le monde entier était impliqué dans une guerre, un nombre inimaginable d’hommes fut tué, surtout après l’attaque surprise de l’Union soviétique par l’armée allemande, en 1942, et ses conséquences pour la population civile des deux côtés.
Au milieu d’une telle époque, une branche d’amandier fleurit et se berce doucement dans le vent du soir. La vie, telle que Dieu l’a créée pour cette terre, n’est pas encore totalement détruite, tant qu’une telle branche peut fleurir, rose tendre et blanche. Ne méprisez pas cela, dans le plus sombre des temps. La branche d’amandier donne de l’espoir, en particulier lorsque les temps sont sans issue. Elle est un signe de Dieu, un signe d’espoir que la vie continuera au milieu de toute destruction – tout comme nous pourrons attendre bientôt, pleins d’attente joyeuse et de confiance, le réveil de la Nature dans nos jardins et nos parcs, malgré tous les soucis et toutes les peurs qui nous enserrent au cours de ces mois et ces semaines.
Hartmut Keitel
Prière pour la semaine
Je te prie pour la confiance que ton monde restera ton monde :
Que ta vie sera plus forte que sa mort, que ta paix pèsera plus lourd que sa peur ;
Qu’un jour, ton amour comblera tout manque ;
Que ta patience gardera le contrôle des émeutes du monde ;
Que, dans sa communauté, ton fils sacrifié tiendra tête à Satan et à son armée
Et protègera, sauvera et promouvra sa création jusqu’à la venue de ton règne.
Seigneur, je te demande la confiance que ton monde restera ton monde parce que tu
lui es fidèle.
Ernst Lange
09 janvier 2020 - Une impulsion pour la Nouvelle Année, qui n’en aurait pas besoin? Et la perspective de devenir « l’enfant de Dieu nous donne confiance et force vitale. » Le verset de la semaine veut être une telle impulsion : « Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. » (Romains 8: 14)