Newsletter / mars 2025
Hommage à Catherine Dupire
- lettre d'information du Musée Cécile Sabourdy
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C'est avec une grande émotion que nous apprenons la disparition de Catherine Dupire.
Cet artiste Outsider* reconnue, qui avait posé ses bagages et ses pinceaux à Saint-Yrieix-la-Perche il y a une vingtaine d'années, est une amie de la première heure du Musée Cécile Sabourdy. Nous avons eu le plaisir de lui consacrer une exposition monographique d'envergure en 2022 : « Odyssées ».
Un dialogue étroit se poursuivait avec cette femme de talent, de caractère et de convictions, à travers une donation d'œuvres inscrites depuis novembre 2024 en collection Musée de France, et des projets d'exposition à l'image de celle qui se tient actuellement au Centre Culturel Jean-Pierre Fabrègue à Saint-Yrieix-la-Perche.
Sa trajectoire artistique et humaine, aussi poétique que volcanique, laisse dans nos mémoires et sur nos cimaises une empreinte indélébile.
*« qui se trouve en dehors », terme anglo-saxon signifiant appliqué aux créateurs marginaux et inclassables, désignés en France sous le nom de « Singuliers ». Grande voyageuse appelée par l'Altérité et l'Ailleurs, sensible à la poésie des mots, Catherine Dupire se reconnaissait dans le qualificatif « Outsider », dans ses connotations et son empreinte sonore percutante.
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- CATHERINE DUPIRE -
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Vue de l'exposition "Odyssées, Catherine Dupire" en 2022 au Musée Cécile Sabourdy
Hommage à la femme volcanique, Catherine Dupire
L'artiste Outsider nous a quittés en ce mois de mars 2025, à l'âge de 75 ans.
Une personnalité forte, attachante, mais aussi explosive, à l'image de sa peinture, Catherine Dupire ne cessera de surprendre à travers son travail d'une puissance volcanique.
« Dans le ciel étoilé de l'art contemporain, la planète Dupire occupe une place à part. Gorgée de pierres précieuses [...], elle propulse vers nous ses météores. Bien sûr il y a un choc galactique ».*
Le galeriste Hubert de Blomac* saisit ici l'essence de l'œuvre de Catherine Dupire et nous met en garde : pour évoluer dans cet univers hors-cadre somptueusement secoué, il faut accepter de voyager léger... Entrer dans l'œuvre de Catherine Dupire exige de lâcher-prise, de se laisser emporter par une tout autre vision du monde, de l'art et de la beauté.
Libéré (même brièvement) de ses habitudes de pensée, des savoirs et des réflexes verrouillés, le voyageur sans bagage** s'offre la chance d'être surpris, conquis, de se réinventer tout entier.
* Exposition « La planète Dupire » organisée par Hubert de Blomac en 2011, galerie A Contrario à Limoges.
** Le voyageur sans bagage, pièce de théâtre de Jean Anouilh de 1937. Dans ce drame, un homme amnésique qui s'est construit à neuf une vie paisible, se trouve confronté à son passé et à son ancienne personnalité, qu'il refuse.
Vernissage en musique de l'exposition « Odyssées » / création musicale, instrument et chant : Vincent Gallet
La vie de Catherine Dupire tient de l'odyssée : une succession de géographies multiples, d'embûches, de rencontres, de hasards et de choix, de désirs qui l'entrainent au contact de l'Autre et à la conquête de soi. Présentée au Musée Cécile Sabourdy entre février et octobre 2022, son œuvre multiforme se fait l'écho de cette traversée tumultueuse.
A l'image d'Ulysse, Catherine a navigué de Charybde en Scylla***, croisé des monstres et vacillé au chant des sirènes, goûté des répits délicieux sur des rivages enchanteurs. Elle a continué sa route d'incertitudes et de tentatives, prenant le risque de l'inconnu, de l'imprévu.
Mais contrairement au héros homérique, Dupire ne s'égare jamais dans son périple car son port d'attache est ancré en elle-même: cet acte de peindre, indispensable à son équilibre, qui l'habite au quotidien.
La peinture apparait comme un repère constant unique au sein d'une existence mobile, en perpétuel mouvement.
La peinture est son alliée pour traverser la vie et ses constantes épreuves.
Peindre commence toujours par un geste rageur mais peindre se fait dans la joie, l'exultation. L'oeuvre réalisée palpite du fait de ce paradoxe fondateur.
« Odyssées », rétrospective de trente années de production entre 1980 et les années 2010, retraçait la quête artistique d'une créatrice Outsider au tempérament volcanique.
***. Monstres marins mythologiques auxquels Ulysse a dû se confronter successivement
Vue de l'exposition "Odyssées, Catherine Dupire" en 2022 au Musée Cécile Sabourdy
« Mes peintures ne font pas propres »
Franche et volcanique, Catherine Dupire ose les sujets impolis, le choc des couleurs, l'âpreté des formes. Intuitive et éprise de liberté, son esthétique assume les contrastes, les accidents. Son univers exclut les beautés convenues, bien réglées, auxquelles elle préfère les bizarreries - formelles et techniques.
Sa gestuelle libre et spontanée, fougueuse, ronde, ample, assouvit son besoin d'un engagement physique total. Et c'est la couleur qui motive avant tout l'acte de peindre, la couleur qu'elle jette en éclats sur ses supports de toutes sortes.
Chez Catherine Dupire, la peinture part du corps, des tripes, et touche à l'âme.
La peinture commande à l'artiste, qui s'y plie volontiers. Il s'agit là de son seul compromis avec l'irrésistible pulsion de liberté qui l'habite.
Ecriture et peinture sont d'inséparables compagnes. Le texte se pose sur l'œuvre, délicat et léger comme un chant d'oiseau, ruban de poésie qui offre un ultime ornement à la peinture.
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