Un nouveau départ est possible !
Autour du Jour de pénitence et de prière, il y a eu, encore et toujours, des remous, en Allemagne. En 1994, ce jour férié fut supprimé pour financer l’assurance dépendance, après avoir été instauré en tant que jour férié protestant en 1934 seulement et après d’assez longues tergiversations, pour être célébré le mercredi avant le dernier dimanche de l’année liturgique. Sous cette forme, il a existé, en tout et pour tout, pendant 60 ans. Actuellement, il n’est plus férié qu’en Saxe. Des efforts visant sa réintroduction dans d’autres Églises nationales (Landeskirchen) ont échoué. On peut se demander, à juste titre, pourquoi l’Église protestante n’a commencé à protester qu’après l’abolition, et à essayer de rappeler aux hommes et aux femmes l’importance de cette journée. Il y a toujours eu des jours de repentance, sans oublier qu’au plus tard depuis la Réformation, les autorités y ont toujours tenu aussi.
Oui, ce furent ceux qui nous gouvernent qui ordonnèrent des jours de repentance. Il se peut qu’à l’époque, les gens aient été davantage conscients du fait que les possibilités d’agir dans le domaine politique sont limitées et faillibles et qu’il est important de prendre le temps de réfléchir sur ce que l’on a fait et à quoi cela a abouti. Le Jour de repentance a donc toujours eu une dimension fortement politique. Ce n’est pas un hasard que les cultes finals des « Décades de la paix », à l’est et à l’ouest, furent célébrés ce jour-là. Les personnes peu familières de ces habitudes ecclésiastiques n’en savent très vraisemblablement pas grand-chose. Pour la plupart des Allemands, le Jour de repentance et de prière n’était rien qu’une césure bienvenue avant la période particulièrement active avant Noël, une bonne occasion de faire cuire tout tranquillement les premiers « Stollen ». La ré-interprétation populaire du nom comme « jour de nettoyage et de balayage » évoque d’autres possibilités totalement différentes en ce qui concerne l’utilisation de cette journée.
Et dans la France laïque, ce jour n’existe pas du tout. À la Christuskirche, nous honorerons la tradition avec notre culte à 19 h 30, à juste titre ! Car ce de quoi il s’agit est et restera important, jour férié ou non. La culpabilité humaine, passée ou présente, ne doit pas être refoulée, ignorée sans cesse, mais a besoin d’un endroit et d’un moment où elle est à l’ordre du jour. C’est impopulaire, bien sûr. Aujourd’hui, on préfère parler de « consternation » plutôt que de culpabilité. La repentance, le fait d’être conscient de sa propre culpabilité, a été remplacée par le renvoi sur d’autres de cette culpabilité, et au lieu de demander pardon, on proclame la nécessité de davantage de morale. Cependant, cela me fait vraiment du bien de pouvoir dire à haute voix ce qui fait peser un lourd fardeau sur mon âme et que je regrette sincèrement. C’est tellement libérateur que d’entendre alors : Tout cela ne doit plus te peser. Auprès de Dieu, tu peux toujours prendre un nouveau départ. C’est ce qu’il t’a promis lors du baptême. Il ne comptabilise pas ce dont tu t’es rendu coupable mais il te pardonne – parce qu’il t’aime.
Barbara Franke