Depuis deux ans et demi, de plus en plus de personnes travaillent à domicile. Beaucoup d’entre eux se plaignent que, à cause de cela, la frontière entre travail et temps libre s’estompe. Ils sont en ligne presque sans interruption, le téléphone portable est un compagnon de tous les instants, les journées n’ont plus de structures claires. Celle ou celui qui doit, en plus, s’occuper d’enfants est souvent obligé d’utiliser les heures de la nuit pour en venir à bout de la charge du travail. Qu’en est-il alors du temps libre ?
Le Duden, genre de Robert ou Larousse allemand, définit Freizeit, temps libre, comme « période pendant laquelle on n’a pas besoin de travailler, sans obligations particulières ; période librement disponible pour les hobbies ou encore pour le repos. » Nous autres humains y avons droit : dans l’article 24 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, il est écrit : « Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques. » Ce n’est pas seulement dans la jurisprudence moderne, mais déjà beaucoup plus tôt que la constatation se trouve qu’à côté du travail, il faut des périodes de repos. Dans le premier rapport de la création, Dieu lui-même donne l’exemple :
« Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu'il avait faite. » (Genèse 2,2) Cela doit être également valable pour les créatures !
C’est pourquoi il est dit dans les Dix Commandements :
« Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. » (Exode 20, 8-10)
Ce n’est pas un commandement pour les riches qui peuvent se permettre de faire travailler d’autres pour eux. Non, le commandement du sabbat vaut pour tous et toutes ! Sans exception. Nos sœurs et frères juifs prennent la sanctification du sabbat très au sérieux, encore de nos jours. De nombreuses régulations individuelles sont destinées à aider à ce que les croyants laissent vraiment tout reposer et prennent leur temps pour la célébration du sabbat et le fait d’être en famille.
Dans le centre de Paris, le dimanche diffère à peine des autres jours de la semaine. J’ai du mal à accepter que, au plus tard à partir de 11 heures, l’activité habituelle règne et que la circulation chaotique ainsi que les bousculades devant et dans les magasins sont à peine différentes de celles des jours de la semaine.
En Allemagne, le dimanche a beau être protégé comme auparavant, mais encore et encore cette protection est assouplie parce que des intérêts économiques s’y opposent. Ainsi y a-t-il de plus en plus souvent ce qu’on appelle Marktsonntage, dimanches de marché, où les magasins sont ouverts. Les Églises et les syndicats se battent côte à côte contre l’érosion du dimanche comme jour férié. Mais même si, le dimanche, les gens n’exercent pas leur activité professionnelle, le weekend libre et les congés payés sont devenus, de plus en plus, un « stress de loisirs ». On remplit le temps libre, on fait le plein de projets parce qu’il y a tant d’expériences à faire qu’il ne faut pas rater.
« Maintenant, un weekend de libre serait le bienvenu », soupirent certains lorsque, le dimanche soir, ils sont arrivés, épuisés, chez eux après des heures dans les embouteillages. Alors la pandémie a agi comme un freinage d’urgence. Et autant que le fait de voyager, de faire du sport, de visiter des musées, des concerts, des spectacles, de rencontrer des amis et notre famille ainsi que de faire la fête nous aura manqué : il y aura peut-être des découvertes, des connaissances acquises lors de l’époque des restrictions Corona que nous pourrons sauvegarder pour notre vie de tous les jours. Oui, cela fait du bien de ne pas planifier le temps libre dans son entier. Combien il est reposant de ne pas avoir à respecter des délais ! De ne pas réfléchir à ce qui doit être mis dans la valise ou encore organisé. À la place : attendre de voir ce qui se passe ; s’écouter soi-même afin de découvrir ce que l’on veut vraiment, réellement faire. Pour une fois, vivre simplement au jour le jour. Et si cela devient ennuyeux ? Très bien ! Dorénavant, un nombre incommensurable de livres et de guides chante les louanges de l’ennui et le met en avant comme condition à la réussite de toute récupération des forces.
Le créateur se repose, une fois le travail fini. Qu’est-ce qui vous fait du bien, à vous, lorsque vous disposez de temps libre ? Testez-le, de préférence tout de suite au cours de cet été – et profitez !
Une période de vacances vraiment reposante vous souhaite
Votre pasteure Barbara Franke