Un écrivain célèbre, à la fin de sa vie, meurt. Satan apparaît dans un nuage de soufre.
« Ha, ha ! s’écrie-t-il, tu es un écrivain, ton métier est d’une honnêteté douteuse, tu iras en enfer !
— Nooooonnn, hurle l’écrivain.
Arrivé en enfer, l’écrivain est conduit dans une petite pièce, où il est enchaîné à une chaise en métal chauffée à blanc, devant une machine à écrire pourrie où il manque la moitié des touches, le papier manque, se met de travers, pendant que des petits diables le piquent avec leurs fourches sans relâche en criant: « Écris ! Écris ! »
Notre pauvre écrivain s’exécute péniblement, en larmes, au comble de la souffrance, désemparé, désespéré.
Soudain, un ange apparaît dans un nuage de roses.
« Fichtre ! s’exclame l’ange, Satan, tu t’es trompé ! Cet écrivain est bon, il a fait rêver des générations de lecteurs, il était censé aller au Paradis ! »
Satan, confus, détache l’auteur, qui se jette au cou de l’ange, submergé par la reconnaissance.
« Merci ! Oooh, merci ! »
L’ange emmène le pauvre homme au ciel.
Arrivé là-haut, il est conduit dans une petite pièce. Là, il est enchaîné à une chaise en métal chauffée à blanc, devant une machine à écrire pourrie où il manque la moitié des touches, le papier manque, se met de travers, pendant que des chérubins le piquent sans relâche avec leurs lances en criant :
« Écris ! Écris ! »
Notre pauvre écrivain en larmes s’exécute péniblement, sous le regard de l’ange, et gémit :
« Mais, mais, oh, pourquoi ? Pourquoi vous me faites ça ! C’est comme en enfer, ici !
— Ah non, réplique l’ange: ici, tu as une chance d’être publié.