Chers auteurs, libraires, critiques, programmateurs, bibliothécaires, bref, chers lecteurs,
Voici donc le début de l'année, que l'on vous souhaite heureuse. On espère que tout va bien pour vous, malgré les nouvelles moroses.
Pour nous, c'est le moment de cette trêve littéraire que nous avions décidé de faire en ce mois de janvier. En 2024, à nombre égal de parutions*, le programme s'annonce de fait assez dense : les nouveaux romans de Mathieu Belezi et de Marc Graciano, l'arrivée d'Audrée Wilhelmy et de premiers romans fous, le centenaire de Goliarda Sapienza, une nouvelle édition de l'œuvre monumentale de Charlotte Salomon... il y avait tant de raisons, au-delà de nos doutes sur les bienfaits d'une rentrée de janvier, pour prendre un temps de recul, et suspendre quelques semaines le marathon des nouveautés.
Mais cette trêve a aussi une autre explication. En 2023, le Tripode aura connu encore une année exceptionnelle, la plus forte même depuis sa création. Il fallait bien prendre le temps du repos et de la réflexion. Depuis des années, notre maison d’édition est portée par la confiance que des auteurs et des libraires nous accordent. Grâce à eux et à un catalogue qui ne cesse de se renforcer, elle a trouvé une pérennité et une liberté que, à sa création, nous n’aurions jamais imaginées.
Nous nous réjouissons évidemment de cette situation. Mais nous n'en oublions pas pour autant les incertitudes qui pèsent sur notre époque, et notamment sur ceux à qui nous devons notre sérénité. Dans un monde extraordinairement chamboulé, en colère, jamais la place de la littérature, des auteurs et des libraires ne nous a semblé simultanément aussi cruciale et menacée.
À son échelle, évidemment plus symbolique que décisive, le Tripode a estimé qu'elle devait en prendre la mesure et renforcer son soutien à ceux qui l'accompagnent. Nous apportons ainsi notre contribution à l'Adelc, qui accompagne le travail de création des libraires, sans lequel nous ne serions rien. Nous mettons également en place à partir de 2024 un nouveau contrat d’édition, avec une échelle de droits d’auteur de 11-13-15%. Enfin, dès ce mois-ci, nous avons décidé d'attribuer 2 points de surremise systématique aux librairies françaises à l'étranger**, tant leur situation fragile incarne l'urgence de repenser au-delà des repères actuels l'importance et la rémunération des librairies.
Ces décisions sont une suite logique à ce que nous avons pu construire. Elles sont aussi pour nous le moyen d'exprimer notre désir de participer aux réflexions que le monde de l'édition dans sa globalité doit engager sur la refonte de sa chaîne de valeur. La porte de notre atelier, même si elle a actuellement tendance à coincer un peu à cause de l'humidité, est ouverte à tous !
Une belle et farouche année à vous,
Le Tripode
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