Le 13 décembre 1978 à Brescia (Italie) l’Italien Natale Vezzoli, tenant du titre, est opposé au Valentinois Charly Jurietti, qui pourtant n’est pas champion de France des superplumes, puisqu’il a été battu quelques semaines auparavant à Papeete par le Tahitien Apeang. L’Italien ne souhaitant pas se déplacer à Tahiti a préféré combattre Jurietti. Il va donc s’agir d’un championnatd’Europe par dérogation. Jurietti (26 ans) n’est pas un boxeur connu des médias. Employé municipal à la ville de Valence dont il est originaire, il se voit ainsi offrir une superbe chance. Vezzoli n’est cependant pas le premier venu, puisqu’il a déjà défendu à six reprises son titre européen. Les deux hommes se connaissent bien puisque lors d’un combat sans enjeu, ils ne purent se départager, l’arbitre donnant match nul. Bien que ne partant pas favori, Jurietti réussit un superbe combat qui va à la limite des douze reprises. À la fin, le visage de l’Italien est tuméfié tandis que Jurietti semble frais comme un gardon. Le combat a certes été serré, mais Jurietti mérite la victoire. Malheureusement,un juge danois n’ayant pu arriver à l’heure, il incombe à l’arbitre de prendre seul la décision. Cet arbitre suisse avoue le lendemain avoir déclaré l’italien vainqueur par peur des réactions du public. Le lendemain, la presse italienne pas dupe titrait : « Vezzoli a perdu la tête, mais garde sa couronne ».Jurietti possédait en fait au moins deux points d’avance ! Vezzoli ne chercha pas à en rajouter avouant simplement « que Jurietti avait été le plus valeureux et le plus difficile des challengers jamais

rencontrés ». Abattu par autant d’injustice, Jurietti savait qu’en Italie il était indispensable de mettre KO son adversaire pour être certain de l’emporter. N’étant pas champion de France, Jurietti savait aussi qu’il allait lui falloir repartir de zéro pour retrouver un jour une chance européenne.

Il l’aura l’année d’après, mais il sera vaincu par l’espagnol Rodolfo Sanchez.

 

 

 

Michel DORNE