Jésus vit et moi en lui, ô mort où est ta victoire ? Lui seul m'arrache à la nuit et m'entoure de sa gloire.*
C’est ainsi, plein d’espoir, que commence le chant pascal composé par Chr. F. Gellert en 1757 : rien ne reste comme avant. Pâques, c’est le totalement neuf, ce qui n’a jamais existé, qui transforme tout et tous : Mort, où est ta victoire ? Car cela ne s’est jamais produit auparavant, que quelqu’un soit mort et enterré pour être ressuscité trois jours plus tard et fût vu, vivant, d’abord par une personne, puis par les douze et finalement par un grand nombre ?!
Jésus vit et moi en lui ! Cela nous est aussi dit à nous, hommes et femmes d’aujourd’hui, à nos églises et à nos paroisses. Nous ne sommes pas des églises de Vendredi saint qui déplorent la perte d’un défunt et qui s’inclinent devant la finalité de la mort. Nous sommes une église pascale qui puise dans ce qui est neuf, dans la transformation totale de tous les schémas de pensée pratiqués et connus. Église de Jésus Christ – ce nom ne représente pas le fait de mourir et la mort, mais la ressuscitation et la vie.
Pâques met fin à l’orientation vers la mort, qui est pourtant profondément ancrée en nous : nous inventons et produisons des armements et des armes parce que nous voulons protéger la vie ; nous assurons notre vie afin de nous protéger contre la mort ; nous nous empêtrons dans un désir circulaire d’éternelle jeunesse, en espérant de pouvoir vaincre ainsi notre peur de la mort.
Non, Dieu seul crée et préserve la vie, dès le début, par sa parole : Que la lumière soit ! Que la terre ferme soit ! Que l’homme soit ! Dieu seul c r é e. Il fait sursauter les femmes qui, tôt le matin, se rendent à la tombe, par amour pour celui dont elles veulent prendre soin ; mais celui qu’elles ont aimé n’est plus là, juste une tombe vide. Jésus vit !
Une tombe vide ! Quel paradoxe ! Un mort qui vit et qui, plus tard, fut vu par 500 frères à la fois, cela est toujours paradoxal.
Mais qui est-ce que cela étonne ? Qui peut être étonné par le fait que quelque chose de paradoxal et de radicalement neuf se passe lorsque Dieu s’immisce dans ce monde, dans notre vie ? Seulement celui ou celle qui ne compte plus avec Dieu.
Qu’en est-il de nous ? Est-ce que nous comptons sur le neuf ? Pâques nous inspire-t-il une confiance re-éveillée en Dieu ?! Le message de Pâques fait-il de nous aussi des gens qui s’attendent à du neuf et qui, pour cette raison, osent du neuf dans leur vie et qui empruntent de nouveaux chemins ? Car Pâques montre clairement que nous ne vivons pas pour nous préparer à l’au-delà. Nous avons une mission ici, sur cette terre. Cette vie a un sens dans le contexte particulier de mon existence. Pâques est un appel vers la pratique de cette vie et non pas vers sa sortie, tout comme le Jésus ressuscité donna l’instruction à ses disciples : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (Matthieu 28, 19-20) Nous devons emprunter des chemins vers la vie, nous éloigner de la mort, car le royaume, le règne de Dieu, celui de la vie sans mort, sans lamentations et plaintes ne commence par dans l’au-delà, mais déjà en plein milieu de l’existence, dès aujourd’hui avec nous en tant que femmes et hommes nouveaux.
À Pâques, la guérison du monde commença : le message du Dieu ami des hommes ne resta pas enterré. L’amour est plus fort que la mort. Cela pourrait devenir l’enseigne lumineuse sur nos visages et ainsi, à travers nous, accessible à d’autres. Car quelque chose de neuf, de sans précédent a commencé : Jésus vit et moi en lui, ô mort où est ta victoire ? Heureuse et sainte Pâques !
Pasteur Hartmut Keitel
* La traduction officielle française ne correspond pas tout à fait à l’original allemand.