Newsletter n°81, novembre 2020
 
Sculpter le lien

 
 
 
"Etre libre c’est vouloir que les choses arrivent,
non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. »
Epictète

 
La philosophie stoïcienne d’Epictète, même prise à la volée dans cette citation, est un baume sur la cuirasse de l’impuissance. Là où l’éclatement menaçait, la matière se détend et offre à notre esprit une perspective de jouissance : la possibilité d’un choix. Qui souhaiterait n’avoir pour horizon que les murs de son chez soi, avec seule fenêtre sur le monde son ordinateur ! Les Hikimori, ces jeunes japonais qu’on disait souffrir d’une pathologie grave parce qu’ils restaient claquemurés dans leur chambre, deviennent un modèle de conformité sociale. Nous sommes tous des Hikimoris !

Montre-moi ce que tu aimes
Le confinement et son acolyte le masque, sorte d’étouffoir-crachoir-mouchoir sont donc les « choses qui nous arrivent », certes qui nous empêchent mais qui nous permettent aussi. Pour ma part, je profite du gain de temps réalisé (tous ceux et celles qu’on ne voit plus) pour investir dans une formation qui m’apporte du plaisir : l’art thérapie. Vouloir les choses telles qu’elles arrivent. C’est ainsi qu’un matin, les mains dans la glaise, je m’adonne à l’exercice dit «Une sculpture d’argile » qui consiste à représenter « Ce que tu aimes ».

Montre-moi ce qui t’anime
L’art thérapie expressive est un accompagnement à la connaissance de soi. Cette approche consiste à proposer à la personne qui le souhaite de créer un autre langage que celui des mots (mouvements, matière, couleurs, forme…) pour exprimer ses sentiments, ses ressentis, tout ce que les codes qui nous ont été inculqués ne peuvent traduire. Une extrême liberté.  Ainsi, chacun découvre par le biais de son propre langage symbolique la richesse de son monde intérieur. Passionnant !

Fais en sorte que ça colle
La glaise dans les mains, je laisse mon cerveau droit, imprégné de « ce que tu aimes », me guider. Deux petits bonhommes stylisées émergent. Je veux les coller ensemble mais je n’y arrive pas. Ça ne colle pas ! Il me faut les griffer assez profondément pour que la terre se mélange et que les éléments tiennent ensemble. Immédiatement, je comprends ce qui se passe : la matière me dit que le lien ne peut exister s’il n’y a entre deux êtres humains que du lisse. La peau-lisse ne crée pas de lien. Il faut des blessures, des plaies, des aspérités et la capacité de se rapprocher.

Gageons que le confinement est de ces épreuves. Quand elles sont dépassées, elles laissent les griffures d’un passé commun qui renforce l’amitié et l’amour. Dans ce monde qui coule, où le toucher devient une menace, le baiser un acte potentiellement mortel, plus que jamais nous devons renforcer le lien, nous ouvrir à des choses nouvelles, aller chercher le plaisir d’être vivant loin des théâtres où la peur se joue. Vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent.
 
Je vous invite aussi à sculpter, dessiner, chanter, danser… ce que vous aimez et vous laisser surprendre par ce qui vous sera révélé.
 

 
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Nathalie Vogelsinger-Martinez, Coach de carrière et formatrice communication
www.parlerdesoi.com - Contact : parlerdesoi@gmail.com