Courir le 100m en 29’’ 84  n’est évidemment pas une performance remarquable, sauf si comme le japonais Hidekichi Miyazaki vous avez 104 ans ! Un autre japonais, Ishigami Saburo mérite aussi le respect. A près de 85 ans, il a sauté 4,36m en longueur. La canadienne Olga Kotelko détient quant à elle le record du monde de saut en hauteur de la catégorie 89-95 ans avec un bon de 0,94m. Dans la catégorie 50km marche, c’est l’anglais James Grimwade qui depuis 1987 est le meilleur performer de tous les temps en 5 h 19’ 34. Robert Marchand, lui, a fêté ses 103 ans en grimpant à vélo les 10km de montée du col ardéchois qui porte son nom.

Plus jeunes sont nos compétiteurs vétérans valentinois détenteurs de records de France : Marc Wallerand, 75 ans (champion de France du 100m en 2014, champion de France de saut en hauteur en 2015) ou Bernard Jourdan (champion de France de saut à la perche des plus de 55 ans avec 3,25m). Tous deux ont participé aux championnats du monde vétéran de 2015. Le premier termine ¼ de finaliste du 100m, le second 11^e mondial à la perche.

Il est vrai que même si l’on est souvent scotché par leurs exploits, les prestations des plus anciens ont parfois un côté pathétique. Alors que leurs performances baissent selon une courbe quasi mathématique, pourquoi donc ces seniors font-ils encore de la compétition ?

Même si plus jeunes tous n’ont pas été des champions, ils sont pour l’écrasante majorité des sportifs de toujours. Le sport, avec toutes ses composantes, reste pour eux un vrai plaisir. Observer une hygiène de vie, s’entraîner, concourir, se surpasser est leur moteur et tant pis si 5 ans après ils font moins bien que 5 avant. L’important est de faire mieux que leurs « conscrits ». Là est leur bonheur. Il n’y a qu’à voir leur joie et leur fierté sur les podiums.

Nul doute que cela participe aussi à une lutte inconsciente contre le vieillissement, mais même si l’on connait le vainqueur, l’important n’est-il pas de prolonger le combat ?

Nous ne sommes bien sûr pas tous capables de jouer les prolongations.

S'il est certain que la sédentarité est un facteur de risque supplémentaire à  de nombreuses pathologies, le sport intensif peut avoir après la cinquantaine des effets pervers, notamment  sur le plan cardio-vasculaire et locomoteur. 

La pratique du sport après 50 ans doit donc obéir à la règle des 3 R.
- Raisonnée : précédée d’un examen médical intégrant l’endurance aérobie et la fréquence cardiaque.
- Régulière : au mieux tous les 2 jours, au pire 2 fois/semaine.
- Raisonnable : très progressive dans la durée et l'intensité
Les bénéfices d'une telle activité physique sont actuellement bien connus : amélioration de la performance cardiaque, meilleure vascularisation tissulaire, meilleure oxygénation cellulaire, meilleur profil lipidique, moindre production de lactates, augmentation de la sensibilité à l'insuline, augmentation de la force musculaire, prévention de l'ostéoporose, et surtout sensation d'être en forme et bien dans sa peau. Les études les plus récentes semblent montrer que cette activité physique intense est un facteur de longévité. Au pire, à défaut d’ajouter des années à la vie, on est sûr qu’elle ajoute de la vie aux années…

Et ce n'est déjà pas si mal.

 

Michel DORNE

P.S : La fréquence cardiaque durant l’activité ne doit pas dépasser 50% de la réserve de fréquence cardiaque (RFC) . Celle-ci est égale à la Fréquence cardiaque maximale (FCM) moins la fréquence cardiaque de repos (FCR). La fréquence cardiaque maximale (FCM) est en théorie égale à 220 – l’âge en années.