Le projet de Pierrevert, une commune proche de Manosque, a commencé en 2010 avec une étude urbaine en vue de la création d’un petit quartier durable. La Mairie avait souhaité, dès cette phase d’étude, favoriser l’installation d’un projet d’Habitat participatif. Comment créer un quartier avec ses futurs habitants ? Autre élément de cadrage : la mixité sociale. Sur une quarantaine de logements, un tiers devait être réservé à des logements sociaux locatifs.
Toits de Choix et une équipe composée d’un urbaniste, d’un économiste et de paysagistes remporte l’appel d’offre. Pendant plusieurs mois, nous organisons des ateliers ouverts à tous pour étudier les enjeux, les contraintes et les potentiels de ce projet d’aménagement. De nombreux riverains participent. Ils font part de leurs inquiétudes par rapport à une trop grande densification de leur quartier. Le dire est déjà le début d’une solution.
En même temps, plusieurs futurs habitants potentiels commencent à s’intéresser au projet. Ils apportent des idées nouvelles en termes d’espaces publics et partagés avec l’ensemble du quartier. A ce titre, ces ateliers sont une réussite. Les remarques des uns et des autres sont prises en compte et aucun recours n’est déposé au moment du permis d’aménager. Sur la base des recommandations de l’étude urbaine validées par la Commune et l’EPF, un bailleur social de la région se présente comme porteur des logements sociaux et de l’aménagement du quartier. Malheureusement, il se désiste après 6 mois d’étude. Commence alors une longue recherche d’un opérateur.
Finalement, la Ville retient la proposition de MAP, un aménageur privé de la région d’Aix-en-Provence. Il propose un nouveau plan d’aménagement, validé quelques mois plus tard. Un Permis d’aménager est déposé fin 2012 et accordé depuis ce printemps. Suit une série de négociations entre l’aménageur, la Ville, l’EPF et Toits de Choix qui aboutissent à un accord sur les modalités de la réservation d’un terrain de 3 000 m2 pour le projet d’habitat participatif.
Aujourd’hui, deux ans après le moment prévu initialement, nous pouvons enfin reprendre le processus du projet. Nous sommes encore en contact avec un foyer qui, à l’époque, avait participé avec beaucoup d’enthousiasme aux ateliers.
Nous recommencerons donc du début.
Ce type de situations montre bien l'enjeu de la coordination de la planification urbaine avec les projets d'Habitat participatif. Il n’est généralement pas envisageable pour des foyers d’attendre deux ans un hypothétique Permis d’aménager. Une telle échéance rallonge le projet d'une façon peu acceptable. Ou, pour dire autrement : il n’y pas que l’Habitat participatif dans la vie… Il est donc important pour une collectivité ou un aménageur de programmer le lancement des processus au bon moment. Un engagement des habitants nécessite des certitudes sur le foncier, de son coût et les délais. Un bon rythme des processus est clairement l’une des conditions de réussite pour l’Habitat participatif.
Notre conclusion : Prenez du temps sans perdre du temps.