Il n’est plus à démontrer que notre organisme est capable, en chimiste pertinent, de produire les substances nécessaires à notre adaptation donc à notre survie. Bouger est le plus sûr moyen de traverser les épreuves tant psychiquement que physiquement. Monter les escaliers en chantant, marcher d’un bon pas, courir sur place en écoutant de la musique, danser dans sa cuisine, autant de moyens efficaces pour sécréter de l’endorphine, cette hormone du plaisir à notre disposition permanente. Il paraît même qu’il nous suffirait d’y penser, de nous visualiser en action pour duper notre cerveau et l’inciter ainsi à produire l’hormone du bonheur sans bouger de notre canapé. Pour ma part, je préfère commencer la journée par une séance de gym en solo. Et vous ?

 

Il existe dans notre vie un espace qui est la somme de nos choix. Je suis toujours étonnée de constater combien l’existence nous donne ce que nous demandons - le plus souvent inconsciemment. Le « plaisir » apparaît comme suspect, incompatible avec le sérieux, l’effort, la réussite, réservé aux insouciants, inconséquents. C’est pour cela que nous le demandons rarement à la vie sauf comme récompense à l’effort. Pourtant, l’équilibre, garant de notre santé et de notre succès, nécessite l’accès au plaisir qui n’est pas soulagement. Le plaisir « sain et gratuit » c’est celui qui est du côté de la vie, de la liberté, de l’amour de soi et de notre environnement. Plus que jamais respirer à plein poumon, s’émerveiller de ce dont notre corps est capable, rire du frisson provoqué par un regard, fondre d’un geste d’amitié, s’amuser avec son chat, trouver en chaque chose aussi infime soit elle, la confirmation que nous sommes encore vivant.

 

Si tu fais ce que tu as toujours fait, tu obtiendras ce que tu as toujours obtenu.  Comme cette phrase est juste ! La plus sure façon de retrouver de la gaieté est d’être surpris par l’inattendu. « Tenter de nouvelles choses » commence par faire les choses à une heure différente, rentrer chez soi par un autre chemin, parler à quelqu’un qu’on évite généralement, porter une couleur qu’on déteste (tout ce que nous détestons recèle de trésors pour notre développement). Nous portons notre monde en nous. Encore une phrase qui fait sens malgré son côté « prêt à penser ». Elle signifie que nous attendons à tort des autres qu’ils changent notre vie. Il nous appartient de projeter sur la scène du réel ce que nous désirons et d’agir en conséquence : si j’attends du monde qu’il soit lumineux alors je commence par y envoyer ma propre lumière.

 

Je garde de mes cours d’improvisation théâtrale la certitude qu’on peut faire semblant et qu’ « en faisant comme si » on déclenche quelque chose dans le réel de concordant. Si je fais « comme si » j’étais triste, je provoque une réaction du champ de la tristesse. Si  je fais « comme si » j’étais confiante, je provoque de la sécurité, de la détente et de la confiance en retour. La confiance est une décision à prendre, un engagement, une intention vertueuse. Elle ne dépend pas d’un contexte même si l’avion a perdu ses réacteurs. C’est une façon de vivre le présent plus agréablement qu’il ne l’est sans nier la réalité. Avoir confiance c’est se donner la possibilité de saisir des opportunités que la peur occulte, de rester réactif.

 

Le ciel reste de plomb, la pandémie court toujours et il me faudra porter ce maudit masque mais je me discipline à croire qu’il existe quelque part un rai de lumière qui pointe vers un instant magique. Cette confiance, nous la devons à nos enfants et petits-enfants.