Dans notre attente de merveilleux, nous imaginons parfois une rencontre magique. Cet évènement aurait le pouvoir de remplir le vide de nos idées ou de nos cœurs, de nous ouvrir les portes d’un monde enchanté où les obstacles s’effacent à peine effleurés et où les propositions volètent comme des papillons dorés.
Nous sommes de grands rêveurs et nous pensons de façon incantatoire : «si je rencontrais une personne qui …alors je….. » qui se décline en «je pourrais faire ceci, je serais heureux, je réussirais, j’aurais une vie différente, je serais un/une autre… » illusion rémanente issue de nos lectures enfantines. Notre apaisement exultait alors quand le prince croisait le regard de sa princesse, la révélait à elle-même, promesse absolue d’un changement radical. Le propre du conte est de s’arrêter au baiser et celui du rêve de déserter la réalité. Certes !
Cependant, la réalité a besoin du rêve pour prendre de l’élan et s’épanouir. Penser c’est mettre en perspective des possibles et prendre le temps de choisir ce qui nous convient le mieux sans trop prendre de risques. Ne nous en privons pas. Qui aimeriez-vous rencontrer ? Comment serait cet autre ? Quelles qualités, quels pouvoirs détiendrait-il/elle ? En quoi votre vie serait différente ? Qu’oseriez-vous enfin être ou faire ?
Répondre à ces questions c’est découvrir la facette de notre personnalité qu’il nous reste à libérer. Si je rêve de rencontrer un artiste qui m’ouvrira la voie d’une plus grande créativité c’est sans doute parce que j’aspire à explorer des sentiers moins balisés. J’ai oublié quelque part comment réfléchir hors du cadre. Ma fantaisie sera le monde à visiter. Si je désire trouver une personne organisée, réaliste, fidèle, c’est que j’ai probablement perdu de vue dans ma propre existence un certain équilibre entre les routines et l’improvisation. Il me faudra réintégrer un peu plus de retenue entre deux pulsions.
« Soi-même comme un autre » écrit le philosophe Paul Ricoeur. Avant de rencontrer l’autre, il faut se rencontrer soi. Etre capable de savoir ce qui nous appartient et ce que nous projetons d’irrésolu sur l’autre. L’autre n’a pas pour rôle de porter nos fardeaux, il a déjà les siens.
Plus nous sommes étrangers à nous-mêmes, plus nous rencontrons des personnes éloignées de ce qui nous convient durablement, tant dans notre vie personnelle que professionnelle. Mieux nous nous connaissons, plus nous approchons les personnes avec qui nous pourrons construire une relation épanouie et heureuse. La magie c’est de croire en notre propre pouvoir, celui de grandir et d’atteindre nos rêves.
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