Parfois je me demande à quoi sert
le bonheur si ce n’est à se sentir malheureux de ne pouvoir être heureux.
Existerait-il une tyrannie du bonheur qui disqualifierait les petites joies,
les rires suspendus et les plaisirs éphémères ? Le bonheur n’est sans
doute qu’une idée de soi et du monde qui n’a de place que dans l’imaginaire.
Dans la réalité de nos corps et de nos relations, nous devons composer avec les
contraintes du quotidien : temps, moyen, humeur. Etre heureux c’est sans
doute être le moins malheureux possible.
Et si être heureux était une
compétence qui s’acquiert sans trop de difficultés mais avec un peu de
lucidité et de méthode ?
Et si le bonheur finalement c'était plutôt simple...Cela pourrait faire sourire et pourtant c’est vrai
c’est à dire ça marche.
J’ai synthétisé pour vous un des
modèles exposés par Tal Ben Shahar (professeur de psychologie à
Harvard) dans son livre « Happier ». Cette réduction a le mérite d’éclairer
les quatre comportements archétypaux de la plupart d’entre nous et d'afficher leurs
limites.
La course effrénée de
l’esclave du futur
Les gains sont attendus toujours dans le
futur. Le moment présent ne peut jamais être apprécié. Le
soulagement tient lieu de bonheur.
Le nihilisme de l’esclave du
passé
Il n’y a jamais de gains. Le
passé ressemble au présent et au futur, il n’y a rien à attendre. Il faut se
résigner. Le bonheur n’existe pas.
L’hédonisme de l’esclave du
présent
La satisfaction des besoins tient
lieu de bonheur qui n’est envisagé que dans le présent. Le manque d’objectifs
et de défis vide la vie de son sens.
Le bonheur
On gagne à tous les temps parce
qu’on a identifié un but qui a du sens pour soi. Le but de notre vie c’est le
but des buts, un but « unificateur », celui qui nous éclaire dans nos
choix et nous fait préférer les activités qui nous amènent des bénéfices
présents ET futurs. Le bonheur est un compromis entre idéalisme ET réalisme.
En résumé, pour être heureux, il
faut avoir identifié un but fort, réaliste et qui dépend de nous. C’est cet
objectif qui donne du sens à la direction que prend notre vie. Puisque nous
savons où aller, nous ne perdons plus de temps à hésiter sur nos
décisions : elles sont ou ne sont pas cohérentes avec notre but.
Etre
pragmatique n’implique pas le vide spirituel. Il est toujours possible de lire
Platon, Aristote, Ciceron, Saint Thomas d’Aquin, Manavadharmasastra ou encore
Spinoza. Le bonheur de vivre se conjugue aussi avec le bonheur
de penser.
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