L’été permet au corps de se dénuder. Par petites touches plus ou moins subtiles apparaît une nouvelle géographie de la silhouette plus proche jusqu’alors du terrain vague que de la carte millimétrée. Masculine ou féminine, la peau respire, exsude une joie d’être vue et effleurée avec le respect dû à une œuvre d’art qui lèverait le voile sur la pudeur hivernale. Il existe un bonheur certain à libérer ce qui fut emmitouflé, sentir le contact de l’air comme un retour à la nature et réveiller l’état sauvage de nos désirs contractuels.
L’été est la saison de la sensualité et des idées insensées. On rêve, on chante, on perd l’équilibre, enfantins et légers. Il y a de l’adolescent en nous quand un sourire sur un visage inconnu s’inscrit en frissons sur le chemin de nos yeux à notre nuque avec toute la réalité d’un baiser volé. C’est la magie des jours flambants que d’embrasser les yeux rieurs et de prendre la fête pour une chemise échancrée. Peut-on boire du champagne, regarder les bulles éclater puis s’en aller ? Naturellement.
Il existe tout un monde entre le cinéma qui se déroule dans notre tête - le cerveau est un organe puissamment sexuel- et l’ici et maintenant de nos choix amoureux et pragmatiques. Imaginer est une dimension inaliénable de notre liberté et une condition de notre équilibre. C’est un espace de création à l’intérieur duquel peuvent être mis en scène sans culpabilité le plaisir de ce qui a été, les frustrations de ce qui ne peut être, la fantaisie de ce qui pourrait venir…. A ce titre, c’est un outil efficace de connaissance de soi pour celui ou celle qui ne craint pas d’être confronté à ses peurs et à ses désirs.
Etre libre c’est faire des choix conscients à partir de ce qui émerge de l’inconscient, prendre la décision des limites à poser et trouver de la satisfaction dans le renoncement. Certes, ce n’est pas chose facile mais n’en déplaise aux âmes légères, vivre se révèle un exercice compliqué. Il faut reconnaître la vigueur qui existe en chacun d’entre nous et tenter de lui donner une forme acceptable.
Selon la philosophe Monique David-Menard, toute rencontre ne fait pas évènement. Par évènement il faut entendre bouleversement, transformation du sujet. Il semble qu’il faille à la fois une dose de prédétermination et des éléments de hasard pour que quelqu’un entre dans notre histoire.
Nous sommes attirés par un type de personne particulier. L’ « excitation » est toujours liée à un contexte, à un objet (trait de la personnalité, éléments physiques, accessoire, comportement…), à un scénario fantasmatique ou réel (la petite histoire qu’on se raconte) qui peuvent être expliqués. Le plus souvent pourtant, cela nous échappe totalement. Nous le vivons comme la découverte d’une partie ignorée de nous-mêmes. C’est la capacité de cet autre à nous révéler, à autoriser l’expression de cet inconnu qui nous fascine et qui nous retient.
Quant au hasard (l’endroit où on ne devait pas se trouver, la personne inattendue, le détail "magique"…), il peut être :
- une rencontre qui démolit tout (mauvais moment, mauvais endroit...) ;
- une rencontre qui permet à la fois de risquer quelque chose de soi et d’être compatible avec le reste de notre vie.
Pour éviter les mauvaises rencontres, il faut reconnaître qu’il existe en chacun de nous des zones dangereuses qu'il est utile de savoir repérer et transformer.
"Aimer, c'est commencer à souffrir" écrit Stendhal mais s'abstenir d'aimer, c'est sûrement commencer à mourir un peu.