DISCOURS SUR LA VERTU
par Me Jean Denis BREDIN ,
Membre de l'Académie Française
X- Alors se produisit l'événement dont ce premier siècle du troisième millénaire gardera le souvenir car toutes les télévisions du monde en rendirent compte, et cinquante essais furent publiés, dans les dix jours qui suivirent, soucieux d'informer tous ceux qui savaient lire.
Une femme, très jeune, très belle, seulement vêtue d'un long voile s'avança. Elle avait le regard limpide, ses mains semblaient de cristal, sa démarche était si claire, si évidente, son allure tant rayonnante que la Compagnie tout entière se leva. Superbement dressée, cette femme prit la parole, et sa voix fut aussi pure que ses mots.
"Je suis la Transparence, dit-elle, la seule Vertu de ce temps et de ceux qui viendront. Je prie la Discrétion, la Réserve, la Pudeur, le Respect, de vouloir bien se retirer car leur temps est passé...
Secret, transparence et démocratie par JDB
Revue Pouvoirs 2001
Notre confrère Yann Galut, député, veut « mener la bataille frontale » contre les professionnels du droit « complices » de la fraude fiscale en déposant une proposition de loi visant notamment le secret de l avocat (proposition non déposée au 14.04.13)
Si les avocats de France cèdent un pouce de terrain devant ce démantèlement, nous allons tout droit vers la société du « meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, la société de surveillance généralisée de big brother
.La sauvegarde des libertés individuelles de chaque citoyen, son right of privacy comme le droit de la Common law le définit, impose que le cabinet de l’avocat reste ce rempart, ce sanctuaire de liberté. Il ne s’agit pas de corporatisme partisan mais de la sauvegarde des libertés individuelles de chaque citoyen. un droit fondamental de nos démocraties comme l’a rappelé la CEDH en décembre dernier en mettant l’avocat sur un piédestal certes mais avec de sacrées obligations déontologiques
La contrepartie est un impérieux devoir de strict respect de notre déontologie comme Maurice Garçon l’avait développé dans son ouvrage
Ce que les citoyens ont droit d’attendre
de leurs représentants. (1793)
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Un avocat condamné pour blanchiment
Cour de cassation, criminelle, 16 janvier 2013, 11-83.689, Publié au bulletin
Que M. Y..., en qualité d'avocat fiscaliste de M. X..., connaissait l'origine illicite des fonds qui provenaient d'une fraude fiscale, les sommes utilisées ayant pour origine l'activité de commerce d'armes qui aurait dû à ce titre faire l'objet d'une imposition en France ;
ainsi, ayant agi, en se servant des facilités procurées par sa profession d'avocat, il a permis à l'un de ses clients, M. X... d'investir, de dissimuler et de convertir des fonds dont il connaissait l'origine frauduleuse ; qu'il est établi ainsi que le premier juge l'a noté dans son jugement que M. Y...a participé activement en sa qualité d'avocat à ces opérations notamment à compter du 15 mai 1996 et que, dès lors, il ne fait aucun doute qu'il a eu connaissance de l'origine frauduleuse pour être le produit d'un délit de la somme de 8 330 000 francs ainsi placée et dissimulée ;
Un combat historique : Harpocrate versus Astrée
Depuis des siècles la bataille entre Harpocrate le dieu du secret et Astrée la déesse de la transparence continue au gré des opinions publiques et politiques
Toutefois la mise à sa juste place du curseur des libertés dont le secret est un des piliers dépend aussi de nous, les avocats de France