S.O.P. - SAUVONS NOTRE PLANÈTE
« Hormis la guerre, rien ne compromet aussi gravement l'avenir de l'humanité que la pollution. Constatant qu'il en est ainsi, certains pays ont pris des mesures pour la réduire et pour limiter le réchauffement climatique. D'autres, parfois parmi les plus gros pollueurs, nient la réalité d'un tel réchauffement en dépit des preuves qui s'accumulent. A tout moment, dorénavant, les changements climatiques montrent sans l'ombre d'un doute que la planète est malade, qu'elle a besoin de soins immédiats et attentifs pour retrouver l'équilibre. Le temps nous est compté pour mettre fin aux ravages que subit quotidiennement la planète Terre. Chaque homme, chaque femme, chaque enfanta son rôle à jouer dans sa restauration. Oui, le temps presse. Save Our Planet (S.O.P.), sauvons notre planète! » [Source: Le Maître de B. Creme, S.O.P. Sauvons notre planète, 8septembre 2012]
Les manifestations en faveur du climat se répandent
« Adopter certaines décisions en faveur du climat ne suffit plus. Dans un monde où nous tendons vers l'objectif zéro carbone, toute décision politique doit être verte. Bien sûr, la transition doit être équitable pour les travailleurs touchés, mais il doit y avoir un cadre pour s'occuper du problème. » (Ed Miliband, ancien secrétaire d'État au changement climatique, Royaume-Uni)
En ces temps de polarisation, le pouvoir du peuple démontre sa force. Plus de 7,6 millions de personnes dans le monde ont participé à la Grève mondiale pour le climat, du 20 au 27 septembre 2019. On considère qu'il s'agit de l'une des plus grandes manifestations mondiales de l'histoire. La Grève scolaire pour le climat, inspirée par la Suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, s'est répandue sur tous les continents. Cette fois-ci, Greta se trouvait à Montréal, au Canada, entourée d'un demi-million de manifestants.
Début octobre, le mouvement de protestation Extinction Rebellion (XR), qui mène une campagne de désobéissance civile pacifique soigneusement construite, a commencé sa campagne spectaculaire à Londres, au Royaume-Uni, perturbant la circulation dans la ville et conduisant à de nombreuses arrestations. Les mères qui allaitent leur bébé ont gagné la bataille des cœurs sur ceux qui déploraient la perturbation de la vie urbaine. Elles ont été arrêtées.
Les manifestants se sont déplacés vers l'aéroport de Londres. Le 10 octobre, un malvoyant est monté sur la carlingue d'un avion pour l'empêcher de décoller. Il a également été arrêté.
Des gens ordinaires se sont rassemblés pour témoigner de leur colère et de leur peur : « La planète est en feu. » Anciens et jeunes se sont unis pour plaider ou forcer les autorités à agir. Et partout dans le monde, la rébellion prend de l'ampleur à mesure que les gens s'attaquent aux forces matérialistes qui nient ou tournent le dos à cette situation d'urgence, et dont on sait maintenant qu'elles détruisent la vie sur la planète.
Pendant ce temps, Greta Thunberg, qui a courageusement traversé l'Atlantique à bord d'un fragile voilier de course pour éviter une empreinte carbone, continue de faire des discours devant des organismes importants - elle a fait une puissante déclaration, bouleversante, à la session des Nations unies sur le changement climatique, à New York, le 23 septembre 2019. Au nom de sa génération, elle a condamné la complaisance et l'incapacité manifeste à agir des générations précédentes. Elle s'est adressée avec autant de vigueur et de conviction au Congrès américain, se rangeant toujours derrière la science du climat. Le gouvernement américain est fortement divisé, avec le président Trump qui nie catégoriquement l'urgence climatique, mais également avec un puissant lobby pour un New Deal vert.
Greta Thunberg s'adresse à l'Onu
« Vous nous décevez. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Les regards de toutes les générations futures sont sur vous. Et si vous choisissez de nous décevoir, je dis Nous ne vous pardonnerons jamais.
Nous ne vous laisserons pas vous en tirer comme ça. C'est ici et maintenant qu'on fixe les limites. Le monde se réveille. Et le changement arrive, que vous le vouliez ou non. »
Vendredi pour le futur
Partout dans le monde, des millions de personnes se sont jointes à la plus grande manifestation jamais organisée contre le changement climatique.
Le 20 septembre 2019, à travers le monde, plus de quatre millions de personnes, jeunes et moins jeunes, sont descendues dans la rue pour exiger des mesures d'urgence climatique.
Le mouvement de la jeunesse lancé par la gréviste scolaire suédoise Greta Thunberg en 2018 est devenu mondial et a appelé les adultes à s'y associer. Greta a déclaré : « Nous avons montré ce que nous pouvons faire, et c'est maintenant à eux [les dirigeants] de montrer ce qu'ils peuvent faire. »
On estime que des manifestations ont eu lieu dans 185 pays, à la veille du sommet de l'Onu sur le climat, le 23 septembre, pour appeler les gouvernements à agir d'urgence afin de limiter la hausse du réchauffement climatique. Les revendications des manifestants étaient à la fois locales et planétaires.
Asie et Océanie
Le mouvement a commencé dans les Iles du Pacifique. Au cours de la journée, des enfants et des étudiants de Fidji, Samoa, Vanuatu, Kiribati, Tuvalu, Iles Marshall, Tonga, Nouvelle-Calédonie, Iles Salomon et Papouasie-Nouvelle-Guinée ont participé à des spectacles poétiques, des manifestations silencieuses, des évènements sportifs et des débats. Des étudiants ont brandi des pancartes à Kiribati et ont scandé : « Nous ne coulerons pas, nous nous battrons. »
En Australie (premier exportateur mondial de charbon et de gaz naturel liquéfié), plus de 300 000 personnes sont descendues dans la rue, lors de 100 rassemblements, à Sydney, Melbourne et dans de nombreuses autres villes, arborant le slogan « Le niveau des océans progresse, nous aussi. »
À Séoul, en Corée du Sud, une centaine d'élèves ont brandi des pancartes en carton recyclé portant des slogans tels que « Trop chaud pour aller à l'école».
À Tokyo, des centaines d'étudiants et de militants écologistes ont défilé dans le quartier des affaires et des magasins de Shibuya, scandant : « Justice climatique » tout en brandissant des pancartes en carton, peintes à la main avec des messages tels que « Mettez-vous au vert » ou « Sauvez la Terre ».
Dans la capitale de l'Inde, Delhi, la pollution atmosphérique étouffante était la cible des manifestants. « Nous sommes ici pour réclamer notre droit à la vie, notre droit à respirer et notre droit à l'existence, ce qui nous est refusé par un système politique inefficace qui s'en remet davantage aux objectifs industriels et financiers qu'aux normes environnementales », a déclaré Aman Sharma, un jeune manifestant.
En Thaïlande, des centaines de jeunes ont manifesté devant le ministère de l'Environnement à Bangkok et sont tombés à terre, simulant la mort.
Dans la capitale afghane, Kaboul, 100 jeunes ont marché, protégés par un véhicule blindé de transport de troupes. Ils étaient dirigés par un groupe de jeunes femmes portant une bannière « Vendredi pour le futur ».
Europe
Des manifestations ont eu lieu dans la plupart des pays européens, rassemblant des foules énormes à Varsovie (Pologne), et plus de 1,4 million de personnes à travers l'Allemagne. À Berlin, des manifestants ont bloqué des routes et protesté devant le Parlement allemand. En réponse, Angela Merkel a annoncé un train de 50 milliards d'euros de nouvelles mesures visant à réduire les émissions de carbone et à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation de ses objectifs climatiques d'ici 2030. A. Merkel a déclaré qu'en tant que scientifique, elle avait été touchée par la devise de Greta Thunberg: « Unissons-nous derrière la science. »
À Bruxelles, une pancarte plutôt poétique disait « Respectez l'existence ou attendez-vous à de la résistance ! »
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Dublin (Irlande). Luke Corkery, étudiant à l'université, écrit dans un tweet : « Il s'agit d'un mouvement dirigé par des jeunes du monde entier. Nous ne cherchons pas seulement une excuse pour un jour de congé scolaire ou universitaire, nous défendons l'avenir de notre planète. »
Au Royaume-Uni, environ 300 000 personnes ont participé à des grèves dans tout le pays, dont 100 000 au rassemblement de Londres, devant les Chambres du Parlement. Une manifestante a déclaré « J'ai tellement peur pour l'avenir. Je me sens totalement impuissante, mais ici, ensemble, nous avons une chance de faire entendre notre voix et de forcer à l'action. »
En France, 40 000 manifestants ont défilé dans plusieurs villes. Samedi 21 septembre, le lendemain du Vendredi pour le futur, les marches climatiques ont rassemblé 150 000 personnes à travers le pays, dont 30 000 à Paris, 15 000 à Lyon et 10 000 à Grenoble. Ces manifestations agrégeaient des objectifs sociaux et climatiques.
Malgré une présence policière musclée, des dizaines milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Paris, accompagnés de quelques centaines de Gilets jaunes et de syndicalistes, munis de pancartes percutantes et humoristique « Quand on sera grand, on aimerait être en vie »; « Grand-père, c’est quoi un bonhomme de neige ? »
Un manifestant a expliqué : « Il y avait une énergie très joyeuse au début formant un mélange homogène (Gilets jaunes, Verts, syndicats, familles entières, ONG) avant que la manifestation ne soit dispersée. Les discussions entre les participants dans le défilé n'ont laissé aucun doute sur nécessité d'un changement radical pour la survie de l'humanité. »
Afrique
Dans la capitale du Kenya, Nairobi, de jeunes manifestants portaient des chapeaux et des déguisements fabriqués avec des bouteilles en plastique pour souligner les dangers des déchets plastiques, une menace majeure pour les habitants des pays en développement.
Des grèves ont eu lieu dans plusieurs villes nigérianes, dont Lagos, qui est souvent envahi par d'énormes quantités de déchets toxiques, dont des milliers de tonnes de déchets électroniques de l'Union européenne
Amérique
La protestation mondiale a culminée à New York, qui s'attendait à vivre l'une plus grandes grèves climatiques. Les responsables des établissements scolaires de la ville ont accordé à chacun des 1,1 million d'enfants de leurs écoles la permission d'assister à la Grève du climat et d'entendre Greta Thunberg parler lors d'un rassemblement au siège des Nations unies.
« Greta ! Greta ! Greta ! », scanda la foule alors qu'elle montait sur scène. La jeune fille a adressé son discours aux élèves, tout en reconnaissant que des adultes s'étaient également absentés de leur travail pour faire grève.
« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher cette crise de s'aggraver, même si cela signifie sécher les cours ou ne pas aller au travail, parce que c'est plus important, a-t-elle déclaré. Pourquoi devrions-nous étudier pour un avenir qui nous est enlevé ? »
Elle a déclenché des rires lorsqu'elle a décrit tous les politiciens qu'elle a rencontrés et qui réclamaient des selfies. « ils nous disent qu'ils admirent vraiment, vraiment ce que nous faisons mais ils n'ont rien fait pour faire face à la crise climatique... Nous exigeons un avenir sûr. C'est vraiment trop demander ? »
On estime que plus de 250 000 personnes se sont rendues aux manifestations à New York et que des milliers d'autres ont manifesté à Boston, Miami et San Francisco.
À Mexico, les manifestants ont chanté Se ve, se siente, la Tierra esta caliente (Ca se voit, ça se sent, la Terre est chaude). Au Brésil, où de récents incendies en Amazonie ont attiré l'attention sur l'urgence climatique, les étudiants ont participé à des manifestations à Rio de Janeiro, à So Paulo et dans la capitale Brasilia.
[Sources : The Guardian, Royaume-Uni ; Mediapart]
Lancement réussi du « balai maritime » de Boyan Siat
Au TEDxDe1ft 2012, Boyan Slat, un étudiant néerlandais, avait présenté le concept d'un système ambitieux permettant de nettoyer les déchets plastiques des océans (voir Partage international septembre 2014).
Depuis, ce jeune entrepreneur âgé de 25 ans et son équipe de l'ONG Ocean Cleanup, ont prouvé la faisabilité du concept. Le design a déjà connu plusieurs révisions importantes telles que l'ajout d'une ancre flottante pour ralentir le déplacement du système de manière à capturer les déchets plastiques qui se déplacent plus rapidement sur les flots. Le système de l'Ocean Cleanup a récemment été testé en haute mer avec succès.
Les biologistes marins s'inquiètent du fait que le système capture aussi des organismes marins dont se nourrissent les poissons et les tortues. Toutefois, la hauteur de l'écran sous le flotteur ne dépasse pas trois mètres, permettant de collecter le plastique sans déranger la vie marine située en dessous.
Le « balai maritime » est équipé de capteurs et de systèmes électroniques, ce qui lui permet de communiquer sa position via des satellites à un navire qui collecte les débris non seulement du plastique mais aussi de minuscules micro-plastiques.
Le 2 octobre 2019, à Rotterdam, lors d'une conférence de presse, B. Siat a déclaré : « Nous avons suffisamment confiance dans le concept général pour poursuivre notre action. Notre objectif final est de nettoyer entièrement la « soupe plastique » du Grand Pacifique » située à mi-chemin entre Hawaï et la Californie et qui est trois fois plus grande que la France. C'est la plus grande des cinq zones océaniques d'accumulation de déchets plastiques au monde. »
Europe: un potentiel éolien suffisant pour le monde entier
Une nouvelle étude de l'Université du Sussex publiée dans le journal Energy Policy a révélé que l'Europe a le potentiel de multiplier par cent la quantité d'énergie qu'elle produit actuellement dans ses parcs éoliens terrestres. L'Europe peut potentiellement subvenir aux besoins en énergie du monde entier d'ici 2050.
« Notre étude prédit un brillant avenir au secteur éolien terrestre et indique que le projet de l'Europe qui aspire à une énergie 100 % renouvelable est à notre portée technologiquement, déclare le professeur Benjamin Sovacool. Évidemment, nous ne prétendons qu'il faudrait installer des turbines sur tous les sites identifiés, mais l'étude met en évidence l'énorme potentiel de production d'énergie éolienne qui existe en Europe »
« L'énergie éolienne terrestre est la source en énergie renouvelable la moins chère, et utiliser les différentes régions européennes où le vent souffle est la solution pour satisfaire la demande pour un système de production d'énergie 100 % renouvelable et à zéro carbone. »
Selon les estimations de l'étude, plus de 11 millions de turbines à vent supplémentaires pourraient théoriquement être installées sur une surface de presque cinq millions de km.
Les auteurs ont identifié la Turquie, la Russie et la Norvège comme ayant le plus grand potentiel pour l'installation future de vastes parcs éoliens, bien que de grandes parties de l'Europe occidentale conviennent aussi grâce à des vitesses de vents favorables et aux terrains plats.
Mark Jacobson, professeur en ingénierie civile et environnementale à l'Université de Stanford, (Etats-Unis), a déclaré « Le grand intérêt de cette étude, en dehors du fait qu'elle estime que le potentiel éolien terrestre dépasse les estimations précédentes, est qu'elle aide les pays à planifier plus efficacement le développement de leur parc éolien. »
Un New Deal vert
En août 2019, Bernie Sanders, sénateur du Vermont et candidat à l'élection présidentielle américaine, a annoncé son plan de 16 300 milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Il a été le premier candidat démocrate à la présidence à soutenir le New Deal vert (en référence au New Deal de Roosevelt), initiative lancée en février par les membres progressistes du Congrès, le sénateur démocrate Ed Markey (Massachussetts) et la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez (New York).
B. Sanders préconise d'atteindre 100 % d'énergies renouvelables pour l'électricité et les transports d'ici 2030 au plus tard et une décarbonisation complète d'ici 2050 au plus tard.
Voici les principaux éléments de son New Deal vert
- investir directement un montant historique de 16 300 milliards de dollars :
- une transition juste pour les travailleurs
- déclarer le changement climatique urgence nationale
- soutenir les petites exploitations familiales en investissant dans une agriculture durable et respectueuse de l'environnement
- s'impliquer pour la réduction des émissions dans le monde entier
- atteindre et dépasser la quote-part des Etats-Unis dans: réduction des émissions mondiales
- investir massivement dans la recherche et le développement;
- développer le mouvement pour la justice climatique; - investir dans la conservation et les terres publiques po régénérer les sols, les forêts et les prairies.
- faire en sorte que l'industrie des combustibles fossiles paie la pollution qu'elle génère.
Ce plan sera rentabilisé sur quinze ans. Des experts o: évalué le plan et ses effets économiques.
Un article de Vox sur le New Deal vert de B. Sanders explique : « Le plan génère lui-même des ressources, notamment 6 400 milliards de dollars de recettes provenant de la vente d'énergie, 2 300 milliards de dollars d'impôts sur le revenu générés par les nouveaux emplois créés dans le cadre du plan et 1200 milliards de dollars de réduction des dépenses militaires liées à la protection des itinéraires de transport du pétrole. »
La proposition de Bernie Sanders est ambitieuse et audacieuse, et suscitera le scepticisme. Mais comme il l'a lui-même déclaré : « Le coût de l'inaction est beaucoup plus élevé encore. »