Newsletter n°42 - Juin 2013
 
La mobilité, composante majeure de tout projet de ville, est au cœur de mon projet pour Bruxelles
Je m’étais engagé à exercer réellement mes fonctions de bourgmestre si les électeurs de Woluwe-Saint-Pierre me plébiscitaient. Les électeurs m’ont plébiscité ; j’ai tenu parole. Voici donc presque 3 mois que j’ai troqué mon costume de ministre pour celui de député-bourgmestre. J’ai aussi repris la direction du groupe CDH au Parlement bruxellois, une fonction stratégique pour préparer au mieux, avec nos dix parlementaires régionaux, nos cinq parlementaires fédéraux, nos ministres et le président Benoît Lutgen, la prochaine campagne pour les élections régionales de 2014. Car la période qui s’annonce sera pour le moins cruciale pour Bruxelles. Les élections de 2014 seront régionales mais aussi européennes et législatives. Avec la même détermination que celle que j’ai mise pour faire bouger les lignes à Woluwe-Saint-Pierre, je continuerai à mettre mon énergie, ma motivation et mes passions au service d’une Région bruxelloise, qui malgré ses presque 25 ans d’existence, reste dans la mire d’hommes et de femmes politiques qui ne lui veulent pas que du bien.
 
Des dossiers aux enjeux interrégionaux
Le changement de capitaine à la tête de la Région bruxelloise fut l’occasion de rendre hommage à Charles Picqué, qui pendant près de 25 ans, fut l’incarnation physique de la Région bruxelloise. Il laisse aujourd’hui la place à Rudi Vervoort. Le défi est d’importance mais je n’ai nulle crainte sur les capacités du gouvernement actuel à positionner au mieux la Région bruxelloise face à ceux qui n’agissent pas toujours en partenaires loyaux. Pour y parvenir, je pense qu’il est urgent d’affirmer la volonté de Bruxelles de traiter rapidement des dossiers aux enjeux interrégionaux.
   
 
 
Je souhaite voir ainsi le nouveau ministre-président lancer la concertation avec ses homologues flamand et wallon en vue de mettre en place, avant les élections 2014, la Communauté métropolitaine de Bruxelles. Une meilleure coordination est, dans ce domaine, indispensable pour pouvoir mettre au jour des collaborations win-win pour les trois Régions. J’en appelle également, dans la même optique, à la mise sur pied d’indicateurs statistiques recouvrant la zone métropolitaine de Bruxelles. L’analyse du taux de chômage limitée à Bruxelles (20% contre 5% en périphérie), laisse croire que notre Région est bien miséreuse face à une Wallonie et une Flandre statistiquement plus performantes. Or, l’indicateur du taux de chômage est lié à la réalité socio-économique d’une zone dans laquelle une économie homogène s’observe. La périphérie manque de main d’œuvre. Cela doit être pris en compte.
 
Un autre dossier qui m’a récemment fait vivement réagir et sur lequel je voudrais revenir est celui du péage urbain. Les recommandations émanant de l’OCDE visant à installer, à l’entrée de Bruxelles, un tel système, sont totalement inadaptées à la réalité économico-institutionnelle de la capitale belge. Le péage urbain aux frontières de la Région n’est pas une solution au problème de désengorgement du trafic dans la capitale. Cela aurait par ailleurs des conséquences sur l’attractivité de la Région bruxelloise pour les entreprises et leurs employés : si les entreprises se mettent à préférer s’installer là où son personnel, ses clients, ses visiteurs n’auront pas à s’acquitter de ce qui s’apparentera à une nouvelle taxe – c’est-à-dire hors Bruxelles-, les risques de délocalisation ne feront que croître. C’est une fausse bonne idée pour Bruxelles et il ne faut pas avoir peur de le dire. Bruxelles n’est ni Londres, ni Stockholm, ni Oslo. Or, les chercheurs de l’OCDE n’ont pas pris suffisamment en compte les spécificités de la région bruxelloise et il en résulte des recommandations inadaptées.
 
 
 
Récemment encore, j’ai déploré que la société « De Lijn – Vlaams Brabant » avance bien seule dans le tracé de ses futures lignes de tram, alors que celles-ci traverseront Bruxelles, et que les tracés envisagés sont susceptibles de déstructurer des noyaux commerçants existants et de générer des concurrences inacceptables avec des lignes gérées aujourd’hui par la STIB.
 
Envisager la mobilité au-delà des limites du territoire bruxellois
Ces trois dossiers ont une finalité commune : démontrer que la question de la mobilité dans et autour de Bruxelles doit clairement s’envisager en tenant compte de ce qui se fait au-delà des limites du territoire bruxellois. Un péage urbain, s’il doit voir le jour, ne peut être conçu que de manière beaucoup plus large, dans le cadre d’une Communauté métropolitaine, avec des portillons de perception situés non pas aux frontières de la Région bruxelloise, mais bel et bien aux frontières de l’hinterland économique, aux limites de la zone RER.
 
 
Gardons aussi à l’esprit la nécessité de mieux intégrer le réseau ferroviaire existant dans l’offre de mobilité publique proposée aux Bruxellois et aux navetteurs à l’intérieur-même des frontières régionales.  
 
L’organisation des transports en commun est une mission de service public essentielle pour une région comme Bruxelles, tout comme l’est l’organisation du trafic automobile. Gérer la mobilité d’une société est une mission fondamentale qui touche au plus profond des relations humaines et des échanges que nous développons avec notre entourage, proche comme éloigné.
 
La politique de mobilité est certes au cœur de tout projet de ville. Elle est aussi à la base même de la qualité de notre vie et des échanges que nous pouvons développer avec les autres. Les réseaux sociaux et Internet n’ont pas (encore ?) fait oublier que rien ne vaut les échanges physiques, une poignée de main, une embrassade, des regards complices, le contact, pour nourrir les hommes et les femmes que nous sommes. Pouvoir bouger, être mobile, à ce titre, est donc plus qu’une nécessité. C’est une absolue nécessité.
 
Benoît CEREXHE
 
En bref