Le premier hurlement m’a réveillée à 4h du matin. La nuit incroyablement lumineuse éclairait la rue. Derrière laquelle de ces palissades soignées égorgeait-on quelqu’un ? J’appris le lendemain qu’il s’agissait d’un chien. Il n’osait plus aboyer - bien qu’il en soit chargé - par peur que son collier ne lui envoie une décharge électrique. Pris entre ces ordres contradictoires, l’animal devient fou et laisse son désespoir déchirer les parois de sa gorge étranglée. Il n’essaie jamais de fuir. Il ne sait pas qu’il est un chien sublime. Il ignore qu’il peut courir, sauter, faire face. Il ignore également que l’horizon existe.  Le jour, Macao se suicide lentement en s'asséchant sur le sol brûlant de la maison d’en face.

 

L’être humain sans argent n’ayant aucune valeur au Brésil, défendre la cause animale est inaudible. Alors, pour ne pas être complice de cette maltraitance, je lui apprends à rêver. Je laisse la musique s’échapper de mon bureau, je parle à son âme pour le faire réagir. Rien pour le moment. Au travers des épais barreaux de sa prison, je distingue son regard vide et je pense aux prisons intérieures que chacun se construit. Et je pense à ces moments, où on se sent perdu, coincé, désespéré, où on ignore l’incroyable ressource de l’humain, cette capacité quasi magique de créer des lignes de fuite, des horizons radieux. Encore faut-il savoir qu’on est un Homme.

 

« Voir clair en soi » cela commence par reconnaître la diversité de sa richesse intérieure plutôt que de se voir comme un monolithe incapable de changer de forme. L’être humain est une palette infinie d’énergies. On n’est pas QUE: triste ou drôle ou nul ou performant ou agaçant ou… On peut être tout cela à la fois, une chose et son contraire mais, certes, pas au même moment. Faire rapidement une liste de 40 de vos traits/qualités/comportements est un bon commencement pour y voir un peu plus clair en vous.

 

Une fois validée la variété des ressources disponibles – ce qui peut prendre un certain temps –il faut avoir envie d’en faire quelque chose. La question clef à se poser est la suivante : « Qu’est-ce que je veux à la place de ce que je vis maintenant ? ». Si comme Macao, vous ne sortez jamais de votre prison physique ou mentale, c’est sans doute un peu compliqué. Il faut trouver le moyen de rêver : lisez des biographies, cherchez des modèles autour de vous, laissez-vous inspirer. Trouvez une toute petite chose qui vous donne envie d'avancer au moins d'un pas.

 

« Oui, mais ça c’est pas possible ! ». C’est sans doute vrai dans votre représentation du monde. Vos croyances à propos de ce qu’il est possible de faire ou non sont comme les barreaux épais de Macao même lorsque la grille est ouverte. Vous ne voyez que les barreaux alors que vous devez déplacer votre attention sur la grille ouverte ou croire avec force qu’un jour il y aura un passage. La question magique est la suivante : « Que feriez-vous de différent si tout était possible ? »

 

Milton Erickson, psychiatre et hypno thérapeute de génie disait : « Après la confusion vient l’illumination. ». Acceptez de plonger dans la confusion avant d’y voir plus clair en vous. C’est le chemin de la créativité. C’est la voie de la liberté. C’est le voyage passionnant de la découverte de soi.