La liberté quand elle nous confronte à la page blanche (Ecris ce que tu veux !), aux choix de consommation pléthoriques (parmi les 250 types de biscuits, lequel te convient !?) n’est-elle pas paralysante ?

 

Paradoxalement la liberté nous enferme dans la cage de nos incertitudes, de notre peur de l’erreur. Elle nous oblige à assumer l’entière responsabilité de nos élections. Nous sommes exclusivement coupables en cas de résultat moindre ou d’échec. Pire, la liberté de choix nous plonge dans une insatisfaction permanente. Le « j’aurais dû » répand son acide sur notre aptitude à nous réjouir de ce que nous avons. Qui n'a connu -de retour à la maison- la morsure du "J'aurais dû prendre l'autre ?".

 

Toutes les personnes créatives vous diront que la contrainte permet à la pensée d’exercer toute sa liberté. Je me souviens pour ma part d'ateliers d'écriture où nous devions inventer une histoire cohérente à partir d'une phrase farfelue, créer un récit en utilisant 5 mots incongrus, raconter la vie au bureau du point de vue d'une poubelle...

 

Une contrainte peut être :

 

- de temps/d'occurences : 1h pour tenir la réunion, 5mn de conversation maximum, 3 connexions Internet par jour…

 

- de budget : 50 Euros pour organiser la fête, ne rien commercialiser en dessous de 500 Euros...

 

- de moyen : n’utilisez que des matériaux naturels, n'invitez que des intervenants dont le prénom est de 2 syllabes...

 

- de lieu : organiser un séminaire à 5km du bureau maximum, choisir une destination qui commence par E...

 

- de contenu : ne jamais prononcer « Non », dire 10 fois «Je suis d'accord avec vous. » dans la journée…

…

 

Les contraintes nous poussent à expérimenter des états différents. Elles nous amènent donc à recevoir des réponses inédites.

 

 

Il est astucieux  face à une difficulté, un problème à résoudre, un défi à relever d’introduire des contraintes pour stimuler notre créativité donc notre capacité à trouver des solutions originales. Il s’agit d’abandonner ce qui fonctionne peu, pas ou plus et d'essayer des stratégies jusque là impensables.

 

Imaginons que vous souhaitez changer d’orientation professionnelle.

 

1)     Partez de l’affirmation la plus simple, la plus ouverte donc la plus paralysante : « J’ai envie de changer de métier. ». Cette affirmation nous renseigne très peu sur le chemin à suivre. Face à l’immensité des possibilités, forte est la tentation d'en rester là. Notre liberté de choix débouche donc sur peu de liberté d'action.

 

2)     Introduisez une première contrainte : choisissez 3 verbes clefs qui correspondent à vos aspirations profondes, à vos priorités. Exemple : voyager, avoir un salaire, réfléchir.

 

3)     Il s’agit à présent de réécrire la première phrase en y ajoutant la contrainte des 3 verbes. Par exemple : « J’ai envie dans mon métier de voyager, d’avoir un salaire et de réfléchir ».

 

4)     A présent ajoutez un complément à chaque verbe clef . Exemple : « J’ai envie dans mon métier de voyager une semaine par mois, d’avoir un salaire de xxx Euros et de réfléchir sur les problèmes d’environnement. » Plus vous limitez votre champ d’action, plus vous avancez vers une proposition concrète.

 

5)     Nouvelle contrainte : réécrivez la même phrase sans utiliser de « a ». Exemple : « Je désire rencontrer des personnes différentes, être serein en ce qui concerne mon confort de vie et préserver les mers. » Plus la contrainte est forte, plus se révèle ce qui était caché par vos routines de pensées.

 

En intégrant des contraintes à votre réflexion, vous court-circuitez vos inhibitions habituelles et faites émerger une autre façon d'éclairer la situation. Vous pensez autrement.

 

 

Une fois libéré du carcan de nos craintes, de l'armure de nos habitudes, des limites imposées à notre imagination, il faut rédécouvrir l'usage de nos ailes, les entraîner à se déployer dans un mouvement naturel et gracieux et vérifier que le tout fonctionne dans le réel. Cela passe par des maladresses et des chutes, des envies de renoncer mais tel est le chemin vers la liberté.