Comme les autres écoliers en culottes courtes, c'est chaussé de de sabots surmontés de molletières que le petit Aimé croisait de temps à autre les charbonniers. André Glaudas employait à l'époque les Lombardi père et fils pour charbonner au lieu-dit "les Eglises" où se trouvait au XIVe siècle le prieuré. Dans cette combe, située au nord du hameau, ils tiraient l'âne entre les clapes pour sortir le charbon de bois, puis s'engageaient sur la route forestière qui reliait Villard au Bois Barbu. Neuf kilomètres que tous les habitants du canton parcouraient au moins une fois dans l'année. Le 8 septembre était le jour du pèlerinage. Des centaines de pèlerins venus d'Autrans, Méaudre, Lans, Villard, St Julien  convergeaient sur la route de Valchevrière. Le 15 mai, c'était la grande foire. Un jour de fête ! les paysans de Valchevrière descendaient à leur tour avec les chevaux à la Balme de Rencurel par le chemin des Eglises. Ils s'en allaient vendre leurs fromages et acheter les cochons de lait qu'ils remontaient par le Villard dans la carriole. Une longue route et une grande journée propice aux échanges. Autrefois, on élevait beaucoup de porcs. Villard avait même décidé la construction d'une auge à cochons sur la place publique !

Pour Aimé, la vie s'écoulait au rythme des saisons et des travaux des champs, "jusqu'au jour où il fallut gagner sa croute. Alors je suis descendu au Villard. J'ai été skiman à l'Adret, un des premiers de la profession, puis boulanger chez Blanc-Gonnet, puis encore aux Eaux et forêts, avant de travailler à la patinoire, du temps où elle n'avait pas de chapeau". Entre temps, à l'âge de 20 ans, Aimé le Vachourin avait quitté son beau pays pour faire la guerre en Afrique. "Je connais l'Algérie comme ma poche" dit-il.

Profitez-donc de cette saison intermédiaire pour vous balader au coeur des ruines de Valchevrière. Ca ne peut donc qu'être bon pour la santé... Parole de Valchourin !