Environnement : lancer la bataille américaine sans le président Trump
Beaucoup d'États, de villes et d'entreprises à travers les Etats-Unis envisagent de sauver la planète sans le président Tramp. Les centrales au charbon mettent la clé sous la porte à un rythme plus rapide sous le président Tramp que sous Barack Obama, et les émissions sont tombées à leur niveau le plus bas en 25 ans. Et ce, en dépit des nouvelles législations et l'augmentation des subventions favorisant l'extraction des dernières ressources de l'industrie charbonnière.
Des milliers d'entreprises, d'universités, de villes et d'États américains sont à l'origine de ces avancées. Beaucoup ont uni leurs forces, soutenus par America’s Pledge (l'engagement de l'Amérique), une initiative lancée par Jerry Brown, gouverneur de Californie, et par Bloombergs Philanthropies.
Environ 3 000 villes, entreprises et universités ont promis de respecter leur part de l'objectif de l'Accord de Paris afin de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°.
Cette coopération concerne la moitié de la population américaine qui, si elle avait constitué un pays, aurait été la troisième économie mondiale, derrière la Chine et l'ensemble des Etats-Unis.
Ils ont assumé la tâche de rendre compte à l'Onu des progrès réalisés aux Etats-Unis en matière de climat, car D. Tramp ne voulait pas le faire. En septembre 2018, un nouveau rapport intitulé Fulfilling Americas Pledge (Remplir l'engagement des Etats-Unis) a été lancé lors du Sommet de l'action mondial pour le climat qui s'est tenu à San Francisco et qui contient des informations climatiques très encourageantes.
Le rapport montre que les Etats-Unis sont presque à mi-chemin de l'objectif de l'accord d'Paris prévoyant une réduction des émissions d'au moins 26 % d'ici 2025. Il décrit également la voie à suivre pour les organismes publics, privés et sans but lucratif.
Cette façon de lutter contre le changement climatique s'étend maintenant au Japon, et une nouvelle coalition climatique a vu le jour au Mexique.
Le magnat des médias Michael Bloomberg et le gouverneur californien Jerry Brown sont les initiateurs de ce Global Climate Action Summit. Ils ont commencé à parler de cette conférence l'été dernier, après que l'administration Trump eut déclaré qu'elle se retirerait de l'Accord de Paris.
Selon M. Bloomberg, ils craignaient que le monde pense que les Etats-Unis aient abandonné tous leurs efforts en matière de climat et il ajoute que les Américains font plus de progrès sur ce front qu'ils n'en faisaient sous le président Obama.
Il a déclaré : « On ne croirait pas cela si l'on ne lisait que les gros titres des médias, qui mettent l'accent sur les querelles à Washington. Le monde doit entendre que nous sommes plus déterminés que jamais à faire des progrès pour le climat. »
Selon M. Bloomberg et J. Brown, des avancées se font au niveau des villes, des États et du secteur privé.
« Ce n'est pas Washington qui est responsable de la production énergétique des Etats-Unis. Ce sont les consommateurs qui le sont, et les nouvelles technologies fournissent exactement ce qu'ils veulent - une énergie moins chère et plus propre que le charbon. Nous atteindrons les objectifs climatiques quels que soient les obstacles que Washington nous opposera », a déclaré M. Bloomberg à la presse à San Francisco.
« La politique de D. Trump est une attaque contre le peuple américain, elle ne ressemble pas seulement à de la folie, mais elle frise la criminalité. Il entrera dans l'histoire comme un menteur, un criminel ou un imbécile », a continué J. Brown. Le gouverneur a en outre promulgué une loi exigeant que toute l'électricité de l'État provienne de sources renouvelables d'ici 2045. Il a également exigé que les transports et l'agriculture soient totalement neutres en carbone d'ici 2045.
[Sources : Norwegian Government Broadcasting Company]
Produire de l'eau à partir de l'air
David et Laura Doss Hertz, co-fondateurs de The Skysource/ Skywater Alliance à Venice, en Californie, ont reçu le prix XPRIZE Water Abundance (eau abondante) pour le développement d'un système capable de produire jusqu'à 2 000 litres d'eau potable par jour, utilisant 100 % d'énergie renouvelable, pour environ 2 centimes par litre. Leur système provoque une pluie d'orage dans l'atmosphère confiné de conteneurs de transport en y brûlant des copeaux de bois (ou d'autres formes de biomasse). Cela produit la température et l'humidité nécessaires pour extraire l'eau de l'air et de la biomasse elle-même.
Le concours XPRIZE, créé par un groupe de philanthropes et d'entrepreneurs en 1994, a décerné plus de 140 millions de dollars pour ce qu'il appelle « des idées futuristes audacieuses visant à protéger et améliorer la planète ». Sur leur site Internet, ils expliquent : « Nous voulons inspirer et guider les innovateurs pour créer des percées permettant un monde d'abondance où chaque homme, femme et enfant pourra accéder à toute l'énergie, à l'eau potable, au logement, à l'éducation et aux soins dont il aura besoin. »
En plus des récompenses financières, XPRIZE fait une publicité mondiale aux gagnants afin d'attirer des investissements et de faire connaître la technologie aux pays qui pourraient bénéficier de son utilisation. Les concours fixent des objectifs mesurables à atteindre dans un certain laps de temps.
Le dernier concours a été lancé en octobre 2016. Le XPRIZE Water Abundance a été conçu pour stimuler l'innovation dans la production d'eau douce propre, peu couteuse et respectueuse de l'environnement. Quelque 98 équipes dc 27 pays ont participé à la compétition.
L'un des juges du concours était Matthew Stuber, professeur de génie chimique à l'Université du Connecticut et expert en systèmes hydrauliques. Il a noté que le système de Hertz peut être utilisé rapidement pour acheminer l'eau ver les zones frappées par des catastrophes naturelles ou des sécheresses, ainsi que vers les zones qui connaissent générale ment une pénurie d'eau douce.
Lorsqu'on leur a demandé ce qu'ils feraient de la somme de 1,5 million de dollars, D. et L. Hertz ont répondu qu'ils s'étaient engagés à « utiliser cette somme pour le développement et le déploiement de ces machines pour les envoyer là où h gens ont le plus besoin d'eau. »
Environnement : manifestations à Londres
Le samedi 17 novembre 2018, des milliers de manifestants ont réussi à bloquer cinq des principaux ponts de Londres afin d'attirer l'attention sur le changement climatique.
Les manifestations ont commencé au pont Southwark et se sont déplacées vers l'ouest en direction du pont Westminster, après quoi les manifestants ont tenu une cérémonie inter-religieuse devant l'abbaye de Westminster.
Environ 6 000 personnes ont participé à la manifestation et plus de 85 arrestations ont eu lieu. Plus tôt dans la semaine, des événements plus modestes se sont déroulés dans d'autres villes du Royaume-Uni et à l'étranger. Les manifestants, parmi lesquels figuraient des familles et des retraités, s'étaient joints à la campagne organisée par un nouveau groupe appelé Extinction Rebellion, qui s'engage dans une désobéissance civile massive afin d'attirer l'attention sur l'urgence environnementale.
Ce groupe basé au Royaume-Uni a été soutenu par près de 100 universitaires de haut niveau de tout le pays, dont l'ancien archevêque Rowan Williams. Dans une lettre au journal The Guardian, ils ont déclaré que « les politiciens ne s'attaquant pas à l'effondrement du climat, un « contrat social » a été rompu [..] Il est donc non seulement de notre droit, mais de notre devoir moral de contourner l'inaction du gouvernement et son manquement flagrant, et de nous rebeller pour défendre la vie elle-même. » Selon les manifestants, les perturbations provoquées étaient justifiées. « Nous avons essayé de marcher, de faire du lobbying et de signer des pétitions. Rien n'a apporté le changement nécessaire » a déclaré Tiana Jacout, membre d'Extinction Rebellion.
Le groupe appelle le gouvernement à réduire les émissions de carbone à zéro d'ici 2025 et à mettre en place une « assemblée citoyenne » pour élaborer un plan d'action d'urgence similaire à celui de la Seconde Guerre mondiale. II fait partie du groupe militant Rising Up (Montée en puissance), qui rassemble les gens dans les bibliothèques, les salles de réunion, les cafés et les églises, les impliquant dans les discussions et les idées d'activisme. « J'ai l'impression que de nombreuses personnes éprouvent un sentiment croissant de frustration et d'urgence à mesure que s'accumulent les preuves de l'ampleur de l'urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés», a déclaré Roger Hallam, universitaire du King's College spécialisé dans le changement social et la protestation. Il a expliqué que le groupe recevait maintenant 20 demandes par semaine de la part de personnes de tout le Royaume-Uni souhaitant entendre un exposé sur le sujet.
Extinction Rebellion a également reçu le soutien de politiciens, dont Caroline Lucas, députée du Parti Vert du Royaume-Uni, et Bernie Sanders, sénateur des Etats-Unis, où le groupe discutait avec des militants de l'organisation d'événements similaires de désobéissance civile. D'autres événements sont prévus au Canada, en Allemagne, en Australie et en France. Rupert Read, professeur de philosophie à l'Université d'East Anglia (R.-U.), l'un des organisateurs, a déclaré « Pour contester correctement le système qui nous conduit à une mort précoce, il nous faut être audacieux et ambitieux, établir de nouvelles connexions à travers k monde et apprendre les uns des autres. »
[Sources : The Guardian, The Independent, R.-U]
Parmi les 200 entités économiques les plus riches, 157 sont des entreprises
par Jake Johnson
Alors que les entreprises, aux Etats-Unis et dans le monde entier, continuent de récolter des bénéfices records grâce à d'énormes réductions d'impôts, à des stratagèmes d'évitement fiscal généralisés et à des politiques commerciales et d'investissement favorables aux entreprises, une analyse de Global Justice Now (GJN) publiée en octobre 2018, a révélé que les entreprises les plus rentables du monde affichent des revenus « bien supérieurs à la plupart des gouvernements », leur conférant un pouvoir sans précédent pour influencer les politiques en leur faveur et échapper à leurs responsabilités.
Selon le GJN, en 2017, 69 des 100 premières entités économiques mondiales sont des entreprises. Ce rapport a été publié dans le cadre d'une initiative visant à faire pression sur le gouvernement britannique pour qu'il propose un traité contraignant des Nations unies qui obligerait les multinationales à rendre compte des violations des droits humains.
« Quand on considère les 200 premières entités, la part d'entreprises est encore plus prononcée .• 157 sont des entreprises. Walmart, Apple et Shell ont ensemble accumulé plus de richesse que des pays relativement riches comme la Russie, la Belgique et la Suède. »
Dans une déclaration accompagnant ces nouveaux chiffres choquants, le directeur du GJN, Nick Dearden, a dénoncé le gouvernement conservateur britannique pour avoir aidé avec empressement cette « augmentation du pouvoir des entreprises - par des structures fiscales, des accords commerciaux et même des programmes d'aide - bénéficiant aux grandes entreprises ».
« L'immense richesse et le pouvoir des entreprises sont au cœur de tant de problèmes mondiaux - comme l'inégalité et le changement climatique, a souligné N. Dearden. Aujourd'hui, la recherche de profits à court ternie semble l'emporter sur les droits humains fondamentaux de millions de personnes sur la planète. Pourtant, les citoyens ont très peu de moyens de demander des comptes à ces entreprises. Au contraire, par le biais d'accords de commerce et d'investissement, les gouvernements sont aux ordres des entreprises. »
Dénonçant les gouvernements puissants qui s'opposent régulièrement à l'appel des pays en développement pour demander aux entreprises de rendre compte de leur impact sur les droits humai l'Onu», N. Dearden a déclaré que son organisation « se joint aux campagnes menées à travers k monde pour dire au gouvernement tannique de ne pas bloquer cette demande internationale de justice. »
Malgré les efforts continus du lobby international des entreprises pour les empêcher, les négociations en vue d'un traité des Nations unies contraignant sur les droits de l'homme et les entreprises transnationales ont débuté lundi 15 octobre 2018 à La Haye.
« Depuis les mines de charbon au Bangladesh qui menacent de détruire l'un des plus grands écosystèmes de mangroves du monde, aux centaines de personnes qui risquent d'être déplacées à cause d'une méga plantation de sucre au Sri Lanka, les sociétés et les grandes entreprises sont souvent impliquées dans des violations des droits humains en Asie et dans le monde», a commenté l'ONG amis de la Terre Asie Pacifique sur son blog le 17 octobre 2018 où le futur Traité des Nations unies est comme ayant « le potentiel pour changer la donne ».
« Les entreprises se soustraient à leurs responsabilités en opérant entre différentes juridictions nationales et en tirant parti de la corruption dans les systèmes juridiques locaux, sans parler du fait que de nombreuses entreprises sont plus riches et plus puissantes que les États qui cherchent à les réglementer, ont-ils conclu. Nous devons réparer ce tort. »
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